« Lot complet de cahiers, polycopiés et prises de note pour réussir sa première année de médecine à l’Université Pierre et Marie Curie. Un semestre à 300 €, les deux pour 500€ ». D’Ebay au Bon Coin, en passant par Priceminister, le commerce de la revente des cours fleurit et envoie balader, sans la ménager, la légendaire solidarité entre étudiants. De la bonne veille photocopie des cours, truffée d’annotations, nous sommes passés aux dealers de cours qui « fournissent » sous le manteau, au détour d’un amphi déserté. « Economie collaborative » ou dérive lourde de conséquences ? Décryptage…
Valider à tout prix
On se rappelle tous du deal conclu en amont de chaque année universitaire : le partage des cours n’a pas une contrepartie pécuniaire, mais reste à charge de revanche en cas d’absence… Le bon vieux temps ! Désormais, cette pratique bon enfant se voit monnayée en centaines d’Euros par semestre, avec des records invraisemblables pour les filières les plus convoitées (écoles de commerce, médecine et écoles d’ingénieurs). Bien que le partage reste artisanal, et sans grande garantie, les annonces ne sont généralement actives qu’une petite demi-journée, et trouvent preneurs quasi-systématiquement. Il faut dire que les vendeurs savent trouver les bons mots, qui sonnent à l’oreille d’étudiants généralement sur le qui-vive comme la clé de la validation.
Un business comme un autre
« Vends tes notes ! Fixe ton prix et gagne de l’argent à chaque téléchargement», annonce explicitement le site dédié Stuvia. Créé dès 2010 par des étudiants néerlandais, cette plateforme multimédia a montré la voie à de nombreux projets satellitaires visant à promouvoir le business des notes de cours. Evidemment, le gros des transactions a lieu sur Facebook, via des pages aussi nombreuses qu’éphémères, avec un pic particulièrement impressionnant pendant la période des partiels et des rattrapages. Si certains pointent du doigt la trop grande pression subie par les étudiants des établissements à accès restreint pour expliquer l’engouement que suscite le phénomène, d’autres tempèrent et considèrent la revente des notes de cours comme la simple « digitalisation logique » d’une pratique déjà bien implantée…